mardi 21 septembre 2021

La Braudière ou la Breaudière


Si vous allez du bourg vers le Fossé Neuf, vous passez par la Braudière. La route que vous empruntez n’existe que depuis la deuxième moitié du XIXème siècle. En effet, le chemin habituel passait par Gateceau. Mais le propriétaire de la Braudière ne fermant pas la grille de son domaine, les habitants du bourg prirent l’habitude de passer le long de la propriété.

Le manoir a été habité pendant des générations par la famille Vincent. On en trouve trace dans les registres paroissiaux : en 1739 a été enterrée Marie Vincent, appelée « la mère des pauvres » à cause de son dévouement envers les miséreux.

Anne-Marie Noël, qui a habité la Braudière, a recueilli ce que son arrière-grand-mère lui avait raconté sur ses ancêtres et elle nous laisse ainsi des écrits passionnants.

« Un Vincent, de l’île Kerguelen, en face de la Rabotière, épousa l’héritière de la Breaudière et vint s’y établir ». « Quand la guerre de Vendée éclata, poursuit madame Noël, notre trisaïeul, Pierre Vincent s’enrôla dans l’armée de Bonchamp. Il eut le titre de commissaire de l’armée : cette fonction consistait à rallier les Vendéens et à leur indiquer où aurait lieu le prochain combat ; la propriété fut brûlée plusieurs fois par les Bleus ».
« Lorsque le Directoire chargea le général Hoche de pacifier la Vendée, c’est l’un de ses lieutenants, le général Brune, qui vint à Bouzillé à la Mauvoisinière. Pierre Vincent fut l’interlocuteur du général. Il lui remit quelques vieilles crosses de fusil et la paix fut enfin signée ». Il réclama par la suite une pension de combattant vendéen qui lui fut refusée.
« Mon grand-père, Jean, prit les armes en 1832 pour la duchesse du Berry. Il quitta la Breaudière pour une expédition à Saint Rémy en Mauges en compagnie des Kersabiec qui habitaient aux Reinières. Il soupçonna une trahison et rentra tranquillement chez lui ; il échappa ainsi à l’arrestation par les soldats de Louis-Philippe ».
La famille d’Anne-Marie Noël, des industriels angevins spécialisés dans la métallurgie, a vécu à la Braudière pendant une bonne partie du siècle dernier.
Le bel ensemble de la Braudière fait partie des demeures qui donnent un cachet tout particulier au patrimoine de notre commune.

mercredi 1 septembre 2021

Il y a 100 ans, mourrait la dernière marquise de Gibot

 Dans un précédent article du blog, nous avions évoqué les amours brisées de Luc-Anatole de Gibot et de Margaret Mac Allister. Après le décès de celle-ci en mai 1867, le marquis se maria bien vite, en novembre 1867, avec une des sœurs de la défunte : Mary Jane, née en 1843 à Londres.

Le couple partit en voyage en Italie, plus précisément à Naples où Luc-Anatole avait acheté trois villas. Mais, en 1870, la guerre entre la Prusse et l’Allemagne fit rentrer le couple en France. Le marquis n’avait que 46 ans, mais il paraissait bien vieilli et usé sans doute par ses abus de jeunesse. La défaite de la France l’avait accablé et il ne devait pas y survivre : il mourut à Paris en mai 1873 ; il avait légué tous ses biens à sa femme, mais il lui laissait aussi une dette estimée à 400 000 francs de l’époque.


Mary Jane, veuve à 30 ans, abandonna sa résidence à Paris et s’installa à la Mauvoisinière avec ses frères William ou « Bellie » et Alexandre, et ses sœurs Henor et Suzan.

William prit en mains la gestion du domaine et régla les dettes du défunt marquis. Mary Jane, jeune veuve, eut l’occasion de se remarier mais elle préféra mener une vie monotone au château avec les siens.

En 1895 mourait Alexandre, puis William en 1913. Dès lors, les trois sœurs s’enfermèrent à la Mauvoisinière. Henor mourut en 1919, puis Suzan en 1919. la même année, en décembre 1921, s’éteignit la dernière marquise de Gibot. Elle alla rejoindre dans la chapelle Sainte Sophie du square de Gibot son mari Luc-Anatole et ses frères et sœurs. Margaret, elle, a été enterrée à Paris.

Luc-Anatole et Mary Jane n’eurent pas d’enfants. Comme la sœur aînée du marquis, Sophie-Nathalie, mariée au marquis de Préaux, n’eut qu’une fille, Marie épouse du marquis d’Aligre et que celle-ci n’eut pas non plus d’héritier, ainsi s’est donc éteinte la branche des Gibot de la Mauvoisinière.