mercredi 15 mai 2019

Randonnée sous le soleil

Les éclaircies étaient les bienvenues, en ce mercredi 8 mai, pour la randonnée de printemps organisée par le Groupe d’Histoire Locale et du Patrimoine. Le groupe de 45 promeneurs a arpenté la vallée en passant par le chemin du Cerny jusqu’au pont de la Motte ( photo). Puis retour au Fossé Neuf et, par le chemin des Pierres, arrêt et commentaires au four à chaux de Sainte Catherine (photo). Tout au long du parcours, notre spécialiste, Christophe, a su faire découvrir la flore de la vallée et celle si particulière de la lentille calcaire de Sainte Catherine. Par le sentier nouvellement créé, il est facile pour le groupe, de rejoindre la boire et de terminer ce parcours-découverte dans la bonne humeur autour du verre de l’amitié.


 

lundi 6 mai 2019

Enfant de choeur à Bouzillé

Il y a soixante ans, être enfant de choeur, pour les enfants d’une petite commune comme Bouzillé, c’était une sorte de passage obligé.
Enfant de choeur du dimanche ou de semaine ? Être enfant de choeur de « semaine » était réservé à une partie des enfants du bourg car il fallait « répondre la messe » le matin aux aurores et c’était un peu « l’aristocratie » par rapport aux enfants de choeur du « dimanche » jugés « moins fiables » par le curé car sans doute moins sages. Les enfants de la campagne, de part l’éloignement, ne pouvaient pas assurer le service de semaine.
La tenue, à l’époque, était la soutane rouge et le surplis blanc. La soutane noire était réservée aux sépultures. Il y avait une telle quantité de boutons que mercredi était souvent avec jeudi.

L’enfant de choeur de semaine devait « répondre » la messe le matin à sept heures, du lundi au samedi. Il faut l’imaginer, les matins d’hiver, se rendant à l’église dans le froid et l’obscurité. Seul, il préparait les burettes, flacons d’eau et vin nécessaires à l’office et répondre à la liturgie en latin que nous ne comprenions d’aucune manière. Le remplissage des burettes ? La fourniture de l’eau ne posait aucun problème. Celle du vin était autrement compliquée : si la bouteille était vide, il fallait en chercher une nouvelle dans la cave du presbytère profonde et angoissante à souhait. Il est arrivé qu’un « choriste » pris au dépourvu compléta la burette de vin avec de l’eau. Cela n’échappa pas au père curé qui, sans évoquer de blasphème, colla une belle paire de gifles au malheureux gamin.

A cette époque, les liturgies étaient nombreuses, les enfants de choeur de semaine, scolarisés en primaire, « séchaient » les cours pour participer aux sépultures ; les baptêmes et les mariages étaient souvent fixés au dimanche ou au samedi.

Les moments importants de la liturgie tels que la Semaine Sainte, Pâques ou Noël mobilisaient grandement la troupe des enfants de choeur . Tout gosses qu’ils étaient, ils devaient transporter les livres nécessaires à la cérémonie. Il advint, qu’un jour, le livre passa par-dessus la tête du servant pour finir au bas de l’autel. Nous savions que si l’officiant donnait du talon sur le plancher de l’autel, c’est qu’il était mécontent du service et, à l’issue de la cérémonie, alignés dans la sacristie, nous attendions le verdict et le châtiment, souvent « un bon savon ».

Toute peine méritant salaire, les enfants de choeur « faisaient la quête » à l’issue des baptêmes en plus des dragées. L’argent récupéré et gardé au presbytère était redistribué chaque trimestre. Les sommes étaient on ne peut plus modestes, mais pour nous, c’était quelque chose d’important.
La tournée des « œufs de Pâques » était un moment « phare » dans la vie d’un enfant de choeur. La semaine précédent Pâques, nous partions trois ou quatre jours parcourir la commune, solliciter chaque maison pour récolter des œufs, des friandises ou quelque menue monnaie. C’était l’occasion d’une grande balade ponctuée de tout ce qui pouvait passer dans la tête de gamins de dix ans, avec l’angoisse ou le désir de rencontrer les enfants de choeur des communes voisines pour une bataille rangée du style de « la Guerre des Boutons », ce qui n’est jamais arrivé.

Enfin, et cela concerne des souvenirs plus personnels : au début des années 60, l’abbé Besnard nous offrit un voyage à Lourdes. Nous descendîmes dans les Pyrénées : cinq enfants de choeur plus le père curé dans une Dauphine Renault ! Séjour incroyable pour nous qui n’avions jamais voyagé. Le séjour concocté par le père Besnard était largement plus touristique que religieux mais personne ne s’en plaignit.

Ces souvenirs sont forcément incomplets ou peut-être erronés, mais c’est ce que j’ai pu en retenir. Certains, j’en suis sûr s’y retrouveront.