mercredi 28 avril 2021

Bouzillé et Napoléon

 

On commémore, cette année, le bicentenaire de la mort de Napoléon. Mais quel a été l’impact de son règne sur notre vie locale à Bouzillé ?

D’abord, alors qu’il n’est encore que Premier Consul, de 1799 à 1802, c’est lui qui ordonne d’établir la liste des naissances, mariages et décès des actes perdus ou détruits pendant la guerre de Vendée . Ce document, accessible en mairie, est précieux pour les chercheurs en généalogie.

Ensuite, par la création des préfets et sous-préfets dans les départements, il contrôle toute l’administration locale. Quelques exemples : le maire, l’adjoint, les conseillers municipaux sont nommés par le préfet. Le conseil municipal doit demander au préfet l’autorisation de se réunir. Toute dépense, si petite soit-elle, doit recevoir l’aval de la préfecture. Ainsi, « la création du petit pont pour passer les gens à pied à la Farouère » passe par la préfecture.

Mais, ce sont les jeunes de Bouzillé qui ont payé le plus lourd tribut suite aux guerres napoléoniennes. En Italie, Jean Coiffard à Ancône, Pierre Moreau à Udine, Pierre Davy y ont perdu la vie. La guerre d’Espagne a été fatale à Pierre Guilbault à Pampelune ou à Jean Séché à Valladolid. Les campagnes d’Allemagne, d’Autriche ou de Russie n’ont laissé aucune chance à Louis Bonnin (voir acte de décès) et François Toublanc à Magdebourg, à Mathurin Chupin à Halberstadt, à Jean Bossard à Mayence, à Joseph Guéry à Vienne ou à Jean Toublanc, 19 ans, du régiment de la Garde à Anvers.

Inutile de dire que ces guerres ne suscitent pas l’enthousiasme à Bouzillé et nombreux sont ceux qui cherchent à échapper à l’envoi sous les drapeaux. Comme les pères de familles ne partent pas à l’armée, il faut se dépêcher bien vite de se marier. Et on assiste alors à des records de mariages à Bouzillé : 100 en 1809 (deux par semaine) et 73 en 1813 !!! alors que la moyenne annuelle habituelle tourne autour de 20.

Il ne faut donc pas s’étonner si le départ de Napoléon est salué par les Buzilliacéens. En 1814, le conseil municipal  adhère à la déchéance de Napoléon Bonaparte et au rappel de la dynastie de notre dernier roi. Nos coeurs sont acquis à Louis XVIII.

Par la suite, cet attachement à la royauté sera encore vivace. En 1821, le conseil municipal vote une somme de 70 francs pour célébrer le baptême du petit-fils du roi Charles X, le duc de Bordeaux. Il y ajoute 60 francs pour acheter le domaine de Chambord au profit du même duc.

Néanmoins, le souvenir de l’empereur va rester longtemps présent dans l’esprit de quelques habitants de Bouzillé. En 1841, vingt ans après sa mort, Julien et Marie Allard, laboureurs au bourg, vont appeler leur fils : Joseph, Napoléon.

vendredi 2 avril 2021

Margaret et Luc-Anatole, une triste histoire d’amour !

 

Luc-Anatole de Gibot, ( voir photo) né en 1824 à Angers, réside en fait très peu à la Mauvoisinière. Dans sa jeunesse, il préfère la vie parisienne où il dépense sans compter la fortune familiale au grand désespoir de son père le comte Luc-Jean.

C’est à Paris, en 1859, qu’il fait la connaissance d’une famille irlandaise, les Mac-Allister. Charles, le père, et Célina Canning, la mère, ont sept enfants, trois garçons et quatre filles. L’une d’elles, Margaret, âgée de 19 ans, est très belle et, bien sûr, notre Luc-Anatole en tombe amoureux. Mais la fille est de santé fragile, sans doute atteinte de la tuberculose.

Elle a besoin d’un climat chaud et sec. Aussi nos amoureux, en 1861, entreprennent un voyage en Egypte où ils sont accueillis par Ferdinand de Lesseps qui est en train de percer le canal de Suez. Ils en profitent pour visiter aussi la Palestine.
Enchantés de leur voyage, ils rentrent en France en 1863, mais la santé de Margaret se dégrade. Alors Luc-Anatole vend pour 450 000 francs de biens et achète trois villas en Italie, à Naples. Hélas, le couple rentre précipitamment en France car la belle se meurt. Elle rédige d’ailleurs son testament en janvier 1865 dans lequel elle insiste pour que ses deux plus jeunes frère et sœur, Alexandre et Suzan reçoivent chacun 1500 francs par an pour leur éducation. Luc-Anatole est désigné comme exécuteur-testamentaire.

Margaret meurt en mai 1867 à Paris, rue de l’Impératrice et elle est enterrée au cimetière de l’Est. Luc-Anatole demande à l’architecte Emile Leblanc de lui proposer un monument funéraire ( voir le croquis).

Margaret est la seule des quatre sœurs Mac-Allister à ne pas être inhumée dans la chapelle Sainte Sophie du square de Gibot.

Luc-Anatole se console bien vite puisqu’il épouse en novembre de la même année, 1867, une sœur de Margaret, Mary-Jane qui deviendra la dernière marquise de Gibot. Nous aurons l’occasion d’en parler dans un prochain article.