lundi 20 décembre 2021

1945 : le retour des prisonniers

 Les bulletins paroissiaux annuels rédigés par le curé Brec pour les années 1939 à 1943 et le curé Le Boulh pour les années 1944 et 1945 fournissent des renseignements précieux sur la vie à Bouzillé pendant la deuxième guerre mondiale. On va s’intéresser aujourd’hui aux prisonniers de notre commune.

Les prisonniers

A la déclaration de guerre en 1939, le curé Brec a le moral : n’écrit-il pas en août à propos des mobilisés : « Espérons qu’ils reviendront bientôt et victorieux ! ». La suite des événements ne correspondra pas tout à fait à ses vœux.

En 1940, sur les 105 hommes mobilisés, 71 le sont dans les formations de l’avant, 30 dans les services de l’arrière et 4 en Afrique du Nord et en Syrie. Suite à la défaite de la France en 1940, 42 soldats sont faits prisonniers.

En 1941, 5 d’entre eux rentrent à Bouzillé : Louis Aillerie, Pierre Chesné, Victor Réthoré, Edouard Barreau et Alphonse Allard. 1943 voit le retour de 4 prisonniers : Marcel Nicolas et Paul Cussonneau du Fossé neuf, Georges le frère de l’abbé Caillaud et Marcel Martin, mari d’une réfugiée du nord.

En revanche, dès la fin de 1942, des jeunes sont requis par le STO, Service du Travail Obligatoire, et partent en Allemagne. C’est le cas d’Emile Morinière. Puis, en 1943, c’est une nouvelle fournée : Pierre Dénéchère, l’instituteur, au nord de la Norvège, Eugène Chéné, Eugène Martin et Joseph Neau dans la région de Stettin, Joseph Coiffard et Maurice Mosset près de Cologne.

La solidarité

Très vite, la commune va venir en aide aux prisonniers. Dès 1941, les envois de colis, pour environ 10 000 francs, marquent la générosité des habitants. En 1942, une collecte atteint la somme de 14 300 francs. Les bénéfices des séances de variétés et la vente de billets de tombola permettent d’envoyer 20 000 francs « aux chers absents » comme l’écrit le curé Brec. Enfin, une grande kermesse, en août 1943, dans le parc du château de la Mauvoisinière, permet d’envoyer « une recette substantielle » aux prisonniers.

Le retour

En 1945, les prisonniers sont tous rentrés. Le dernier à revenir à Bouzillé est Jean Chesné. Il est vrai qu’il a fait un long périple depuis la Russie où il rencontré le marquis de Saint Pern lui aussi prisonnier. Son retour, le 31 juillet 1945, correspond au jour du mariage de Victor Thiau à la Guichetière auquel il a bien sûr joyeusement participé.

Les fêtes et cérémonies

Le 9 septembre 1945, une grande fête est organisée en l’honneur des prisonniers et déportés. Après la messe célébrée par le chanoine Brec, devenu archiprêtre de Saumur, un banquet rassemble tout le monde. Le capitaine Gautier évoque les tristes et interminables jours de la captivité, en particulier, le maigre brouet servi dans les camps de prisonniers. Il remercie le Comité d’Entraide qui s’est tant dépensé pour les captifs. Une photo de groupe réunit tous les convives.


Au centre, le maire Charles Pousset, entouré des curés Brec et le Boulh et le porte drapeau moustachu, Georges Bondu, dit « Galipette ». ( les noms des autres participants figurent dans le livre : « Bouzillé à travers les âges »).

Le 11 novembre suivant, près du Monument aux Morts au cimetière, Charles Pousset, le nouveau maire énumère le nom des 6 jeunes qui ne sont pas revenus: Joseph et Maurice Terrien, Paul Grimault, Joseph Hangouet, Robert Réthoré et Joseph Viau.

 

mercredi 15 décembre 2021

La pêche à la ligne, il y a une cinquantaine d'années

Aujourd’hui, un promeneur longeant la Loire du village des Augers, à Liré, pour se rendre à la Loge en Vallée à Bouzillé, ne verra, sur les rives et au milieu du fleuve, que quelques pêcheurs à la ligne, les uns traquant du poisson blanc, les autres des carnassiers dont le très recherché silure tant sont intenses les émotions que sa pêche procure. Bref, pas grand monde en somme, alors qu’il y a cinquante ans, d’où le titre, les pêcheurs étaient des dizaines à se presser au bord du fleuve. Que s’est-il passé ? 
 
La Loire était alors un autre fleuve qu’aujourd’hui ; son niveau à volume d’eau équivalent était supérieur de trois mètres, ce qui changeait tout. Le bras des Babins en face du camping était relié quasiment toute l’année au fleuve ce qui permettait d’avoir un courant d’eau bénéfique aux poissons et à la pêche. Les abords au fleuve étaient plus faciles : on pouvait pêcher sans avoir à descendre les enrochements comme aujourd’hui. On m’a rapporté que certains dimanches d’été, il pouvait y avoir entre cinquante et cent automobiles stationnées de la Rabottière aux Babins.
 Les pêcheurs étaient bien sûr des gens du coin, mais beaucoup venaient des « Mauges » et une partie passaient leurs vacances d’été au camping des Babins qui était, avec celui de la Loge en Vallée, occupé presque exclusivement par les amoureux de la pêche, ce qui amenait une convivialité épatante. Deux bistrots, l’un aux Babins, l’autre à la Rabottière, dénommé « le Casino » avec ses jeux de boules de sable, ne désemplissaient pas les samedis et les dimanches.
 
 Eh bien tout cela : « c’est bien joli » comme on dit, mais que pêchaient-ils ces passionnés qui devaient se lever bien avant l’aube pour avoir les bonnes places convoitées ? Eh bien des poissons dont certains ont disparu comme le hotu surnommé, on ne sait pourquoi, « gardon de Varades » qui se pêchait allégrement à remplir les bourriches des pêcheurs qui ne savaient, pour la plupart, qu’en faire car le pauvre hotu, objet de malédictions et d’injures en tout genre, était comme on dit « immangeable » avec une chair molle et farcie d’arêtes, qui décourageait ceux qui tentaient de les accommoder. Le hotu mis à part, on pêchait les poissons nobles comme la perche ou le brochet, poissons carnassiers, avant l’arrivée fracassante du sandre qui est devenu ensuite le poisson noble le plus recherché. On pêchait la brème, le gardon, le barbillon pour lesquels les pêcheurs préparaient des litres de blé ou de chènevis qu’ils faisaient cuire, pour certains, dans le four du boulanger.
 A l’époque que j’ai connue, La Loire débordait régulièrement, le bras majeur étant régulièrement inondé. Les « boires », telles que Sainte Catherine piégeaient des quantités incroyables de poissons, ce qui faisait le bonheur des propriétaires et riverains qui pêchaient au filet et d’autres qui faisaient la même chose mais la nuit. Aujourd’hui, il y a peu de pêcheurs notamment sur les rives notamment sur les rives. L’abaissement du seuil du fleuve provoqué par plusieurs facteurs, en particulier la destruction de seuils naturels et l’extraction inconsidérée du sable ainsi que l’accélération du courant ont changé la donne.
L’évolution de la vie et des loisirs a également participé à cette lente disparition des pêcheurs et de la convivialité au bord du fleuve. Des travaux sont prévus dans les années qui viennent pour restaurer le lit de la Loire ; souhaitons qu’ils portent leurs fruits et qu’on puisse la revoir comme nous l’avons connue.

mardi 9 novembre 2021

Le calvaire de la cabane a disparu !

Les promeneurs, arrivant à l’entrée du Fossé Neuf, ont eu une drôle de surprise : de la croix, il ne reste plus que le socle ! Ce calvaire est, avec la vieille croix du cimetière, le plus ancien de Bouzillé puisqu’il a été érigé avant la Révolution. On trouve trace de sa bénédiction dans les archives paroissiales du mois d’août 1781 entre les baptêmes et les enterrements (voir photo).
« le vingt six à l’issue des vespres nous avons béni la croix qui est proche le Fossé Neuf » signé Benoist, le curé de la paroisse.
Il est remplacé en 1892. Un orage le fait tomber en 1919 et il est relevé en 1921 à la fin de la Mission. Démonté et restauré par les frères Gaudin, il est remis en place en 1940. Il est de nouveau relevé en 1992 et déplacé par la même occasion pour ne pas gêner la circulation. Son état nécessitait des soins vigoureux : le bois de la croix était vermoulu et elle menaçait de tomber. Aussi, la commune, en association avec le groupe d’histoire locale et du patrimoine, a pris les choses en main. La croix, à la charge de la commune, sera remplacée par les établissements Brisset et le Christ sera repeint par les artistes de notre association. Rassurez-vous ! d’ici quelque temps, le calvaire de la Cabane aura retrouvé sa place à l’entrée du Fossé Neuf.

Artisans et commerçants à Bouzillé dans les années 1950

Les listes électorales donnent des renseignements précieux sur les métiers des Buzilliacéens. Celles de 1946 et de 1953 sont d’autant plus intéressantes qu’elles intègrent les femmes qui ont voté pour la première fois en 1945. Par contre, le droit de vote étant fixé à 21 ans, les jeunes artisans et commerçants ne sont pas notés sur ces listes. Les métiers du bois étaient bien représentés : le charron, Clément Laurenceau, les charpentiers avec la famille Gaudin et les frères Bondu, les menuisiers : Maurice Dandé père et fils, le tourneur, Joseph Lebrun. Ajoutons à la liste, le vannier Joseph Bossard et la vannière du Fossé Neuf, Madeleine Terrien. Le textile occupait aussi bien des gens, à commencer par les tisserands : il en restait encore quelques uns : Pierre Viau, Joseph Bondu et Jean Macé. La famille Augereau, de Ferdinand à Noël, employait des ouvrières dans l’atelier de tailleurs à côté de l’église. Les couturières étaient nombreuses : 16 sur la commune. Fernande Morinière tenait la mercerie, Raymonde Neau était modiste-chapellière et Marie Dugast brodeuse.
L’agriculture fournissait du travail : Paul Robin, le grainetier, parcourait la campagne et les forgerons s’activaient : Louis Aillerie, Jean Blanchard, Joseph Fouchard, Joseph Neau, Pierre Plard, André Rideau. (voir photo). Moïse Sevet occupait une profession qu’on ne trouve plus : il était à la fois trieur, pour les céréales, « saigneur », pour les animaux à abattre et éventuellement coiffeur. Chacun trouvait alors de quoi se nourrir sur la commune : les boulangers, Henri Pelé et André Haie, le boucher François Poilâne et le marchand-primeurs Raoul Moreau. Quant à l’épicerie, il y avait l’embarras du choix : une douzaine en 1946. N’oublions pas les cafés : après la guerre, dans le bourg, on avait le choix entre les cafés Baron, Monnier, Houdebine, Gravouille et Robin, nombre respectable mais bien loin des 18 estaminets recensés au début du XXème siècle sur le territoire de la commune. Pourtant, des évolutions se font jour : 1953 marque le début du déclin du commerce et de l’artisanat. Le nombre d’épiceries diminue : il n’en reste plus que 9. Les sabotiers ont disparu : Joseph Coiffard, père et fils, n’exercent plus. Il n’y a plus qu’un cordonnier, Bernard Allard. Des nombreux tonneliers qui ont, à la fin du XIXème siècle, occupé une grande place dans la vie communale, il ne reste que les frères Vincent, Victor et Claude et Jean Terrien. Certaines professions, liées au cheval, disparaissent : Henri Haie sera le dernier bourrelier et Louis Houdebine, le dernier bourrelier. Les Buzilliacéens sont de plus en plus nombreux à trouver du travail dans l’industrie, en particulier, celle de la chaussure. Si on y ajoute le développement des grandes surfaces, la généralisation de l’automobile et les constructions en lotissement à la périphérie, la vie joyeuse du bourg liée aux boutiques et ateliers va y perdre de sa saveur.

mardi 21 septembre 2021

La Braudière ou la Breaudière


Si vous allez du bourg vers le Fossé Neuf, vous passez par la Braudière. La route que vous empruntez n’existe que depuis la deuxième moitié du XIXème siècle. En effet, le chemin habituel passait par Gateceau. Mais le propriétaire de la Braudière ne fermant pas la grille de son domaine, les habitants du bourg prirent l’habitude de passer le long de la propriété.

Le manoir a été habité pendant des générations par la famille Vincent. On en trouve trace dans les registres paroissiaux : en 1739 a été enterrée Marie Vincent, appelée « la mère des pauvres » à cause de son dévouement envers les miséreux.

Anne-Marie Noël, qui a habité la Braudière, a recueilli ce que son arrière-grand-mère lui avait raconté sur ses ancêtres et elle nous laisse ainsi des écrits passionnants.

« Un Vincent, de l’île Kerguelen, en face de la Rabotière, épousa l’héritière de la Breaudière et vint s’y établir ». « Quand la guerre de Vendée éclata, poursuit madame Noël, notre trisaïeul, Pierre Vincent s’enrôla dans l’armée de Bonchamp. Il eut le titre de commissaire de l’armée : cette fonction consistait à rallier les Vendéens et à leur indiquer où aurait lieu le prochain combat ; la propriété fut brûlée plusieurs fois par les Bleus ».
« Lorsque le Directoire chargea le général Hoche de pacifier la Vendée, c’est l’un de ses lieutenants, le général Brune, qui vint à Bouzillé à la Mauvoisinière. Pierre Vincent fut l’interlocuteur du général. Il lui remit quelques vieilles crosses de fusil et la paix fut enfin signée ». Il réclama par la suite une pension de combattant vendéen qui lui fut refusée.
« Mon grand-père, Jean, prit les armes en 1832 pour la duchesse du Berry. Il quitta la Breaudière pour une expédition à Saint Rémy en Mauges en compagnie des Kersabiec qui habitaient aux Reinières. Il soupçonna une trahison et rentra tranquillement chez lui ; il échappa ainsi à l’arrestation par les soldats de Louis-Philippe ».
La famille d’Anne-Marie Noël, des industriels angevins spécialisés dans la métallurgie, a vécu à la Braudière pendant une bonne partie du siècle dernier.
Le bel ensemble de la Braudière fait partie des demeures qui donnent un cachet tout particulier au patrimoine de notre commune.

mercredi 1 septembre 2021

Il y a 100 ans, mourrait la dernière marquise de Gibot

 Dans un précédent article du blog, nous avions évoqué les amours brisées de Luc-Anatole de Gibot et de Margaret Mac Allister. Après le décès de celle-ci en mai 1867, le marquis se maria bien vite, en novembre 1867, avec une des sœurs de la défunte : Mary Jane, née en 1843 à Londres.

Le couple partit en voyage en Italie, plus précisément à Naples où Luc-Anatole avait acheté trois villas. Mais, en 1870, la guerre entre la Prusse et l’Allemagne fit rentrer le couple en France. Le marquis n’avait que 46 ans, mais il paraissait bien vieilli et usé sans doute par ses abus de jeunesse. La défaite de la France l’avait accablé et il ne devait pas y survivre : il mourut à Paris en mai 1873 ; il avait légué tous ses biens à sa femme, mais il lui laissait aussi une dette estimée à 400 000 francs de l’époque.


Mary Jane, veuve à 30 ans, abandonna sa résidence à Paris et s’installa à la Mauvoisinière avec ses frères William ou « Bellie » et Alexandre, et ses sœurs Henor et Suzan.

William prit en mains la gestion du domaine et régla les dettes du défunt marquis. Mary Jane, jeune veuve, eut l’occasion de se remarier mais elle préféra mener une vie monotone au château avec les siens.

En 1895 mourait Alexandre, puis William en 1913. Dès lors, les trois sœurs s’enfermèrent à la Mauvoisinière. Henor mourut en 1919, puis Suzan en 1919. la même année, en décembre 1921, s’éteignit la dernière marquise de Gibot. Elle alla rejoindre dans la chapelle Sainte Sophie du square de Gibot son mari Luc-Anatole et ses frères et sœurs. Margaret, elle, a été enterrée à Paris.

Luc-Anatole et Mary Jane n’eurent pas d’enfants. Comme la sœur aînée du marquis, Sophie-Nathalie, mariée au marquis de Préaux, n’eut qu’une fille, Marie épouse du marquis d’Aligre et que celle-ci n’eut pas non plus d’héritier, ainsi s’est donc éteinte la branche des Gibot de la Mauvoisinière. 

vendredi 9 juillet 2021

Une visite pour en savoir plus

Une balade patrimoniale est organisée le mardi 3 août 2021 à 10h. Le point de départ est au Square Gibot à Bouzillé.

Gratuit et ouvert à tous, sur inscription au 02.40.09.04.13.

Durée : 2h



lundi 28 juin 2021

L'usine de chaussures de Bouzillé

Peu visible de la rue d’Anjou, elle était située à l’est de la mairie, sur un emplacement occupé jusqu’à la Révolution, par un prieuré de moines bénédictins dépendant de Saint Florent le Vieil.

Un atelier de chaussures existait auparavant à Bouzillé, rue de l’Ermitage. Mme Dandé-Goguet, une maîtresse femme, veuve de guerre, y employait une quinzaine d’ouvrières.
La nouvelle usine était une filiale de la SACAIR, Société Anonyme des Chaussures de Saint Macaire. Lors de l’inauguration, au milieu des années 1950, la presse locale était présente ainsi que bon nombre de personnalités : M. Mary, président de la Sacair, le sous-préfet de Cholet, M. de Saint Pern, les conseillers municipaux, l’abbé Besnard, curé de la paroisse.

L’activité de l’atelier résidait essentiellement dans la piqûre : les pièces étaient ensuite envoyées à Saint Macaire pour le montage. Le matériel était, pour l’époque, ultra-moderne : les machines venaient d’Allemagne. 36 ouvrières, au début, avaient été embauchées ; leur nombre monta jusqu’à une cinquantaine, sous la direction de Mme Pierre-Duplessix (voir photo).

L’atelier a fermé fin 1976, début 1977. Cette fermeture n’est que la première d’une longue série qui va frapper les Mauges où « la godasse » a pratiquement disparu. Les ouvrières ont alors été employées dans d’autres usines de chaussures, à la Chapelle St Florent ou à St Florent le Vieil.

Inoccupé, le local a été aménagé par le club de judo pour les cours dispensés par Daniel Réthoré, puis utilisé par l’Association des Jardins pour ses activités d’embellissement du bourg. Devenu dangereux de par sa vétusté, il est définitivement clos.

mercredi 28 avril 2021

Bouzillé et Napoléon

 

On commémore, cette année, le bicentenaire de la mort de Napoléon. Mais quel a été l’impact de son règne sur notre vie locale à Bouzillé ?

D’abord, alors qu’il n’est encore que Premier Consul, de 1799 à 1802, c’est lui qui ordonne d’établir la liste des naissances, mariages et décès des actes perdus ou détruits pendant la guerre de Vendée . Ce document, accessible en mairie, est précieux pour les chercheurs en généalogie.

Ensuite, par la création des préfets et sous-préfets dans les départements, il contrôle toute l’administration locale. Quelques exemples : le maire, l’adjoint, les conseillers municipaux sont nommés par le préfet. Le conseil municipal doit demander au préfet l’autorisation de se réunir. Toute dépense, si petite soit-elle, doit recevoir l’aval de la préfecture. Ainsi, « la création du petit pont pour passer les gens à pied à la Farouère » passe par la préfecture.

Mais, ce sont les jeunes de Bouzillé qui ont payé le plus lourd tribut suite aux guerres napoléoniennes. En Italie, Jean Coiffard à Ancône, Pierre Moreau à Udine, Pierre Davy y ont perdu la vie. La guerre d’Espagne a été fatale à Pierre Guilbault à Pampelune ou à Jean Séché à Valladolid. Les campagnes d’Allemagne, d’Autriche ou de Russie n’ont laissé aucune chance à Louis Bonnin (voir acte de décès) et François Toublanc à Magdebourg, à Mathurin Chupin à Halberstadt, à Jean Bossard à Mayence, à Joseph Guéry à Vienne ou à Jean Toublanc, 19 ans, du régiment de la Garde à Anvers.

Inutile de dire que ces guerres ne suscitent pas l’enthousiasme à Bouzillé et nombreux sont ceux qui cherchent à échapper à l’envoi sous les drapeaux. Comme les pères de familles ne partent pas à l’armée, il faut se dépêcher bien vite de se marier. Et on assiste alors à des records de mariages à Bouzillé : 100 en 1809 (deux par semaine) et 73 en 1813 !!! alors que la moyenne annuelle habituelle tourne autour de 20.

Il ne faut donc pas s’étonner si le départ de Napoléon est salué par les Buzilliacéens. En 1814, le conseil municipal  adhère à la déchéance de Napoléon Bonaparte et au rappel de la dynastie de notre dernier roi. Nos coeurs sont acquis à Louis XVIII.

Par la suite, cet attachement à la royauté sera encore vivace. En 1821, le conseil municipal vote une somme de 70 francs pour célébrer le baptême du petit-fils du roi Charles X, le duc de Bordeaux. Il y ajoute 60 francs pour acheter le domaine de Chambord au profit du même duc.

Néanmoins, le souvenir de l’empereur va rester longtemps présent dans l’esprit de quelques habitants de Bouzillé. En 1841, vingt ans après sa mort, Julien et Marie Allard, laboureurs au bourg, vont appeler leur fils : Joseph, Napoléon.

vendredi 2 avril 2021

Margaret et Luc-Anatole, une triste histoire d’amour !

 

Luc-Anatole de Gibot, ( voir photo) né en 1824 à Angers, réside en fait très peu à la Mauvoisinière. Dans sa jeunesse, il préfère la vie parisienne où il dépense sans compter la fortune familiale au grand désespoir de son père le comte Luc-Jean.

C’est à Paris, en 1859, qu’il fait la connaissance d’une famille irlandaise, les Mac-Allister. Charles, le père, et Célina Canning, la mère, ont sept enfants, trois garçons et quatre filles. L’une d’elles, Margaret, âgée de 19 ans, est très belle et, bien sûr, notre Luc-Anatole en tombe amoureux. Mais la fille est de santé fragile, sans doute atteinte de la tuberculose.

Elle a besoin d’un climat chaud et sec. Aussi nos amoureux, en 1861, entreprennent un voyage en Egypte où ils sont accueillis par Ferdinand de Lesseps qui est en train de percer le canal de Suez. Ils en profitent pour visiter aussi la Palestine.
Enchantés de leur voyage, ils rentrent en France en 1863, mais la santé de Margaret se dégrade. Alors Luc-Anatole vend pour 450 000 francs de biens et achète trois villas en Italie, à Naples. Hélas, le couple rentre précipitamment en France car la belle se meurt. Elle rédige d’ailleurs son testament en janvier 1865 dans lequel elle insiste pour que ses deux plus jeunes frère et sœur, Alexandre et Suzan reçoivent chacun 1500 francs par an pour leur éducation. Luc-Anatole est désigné comme exécuteur-testamentaire.

Margaret meurt en mai 1867 à Paris, rue de l’Impératrice et elle est enterrée au cimetière de l’Est. Luc-Anatole demande à l’architecte Emile Leblanc de lui proposer un monument funéraire ( voir le croquis).

Margaret est la seule des quatre sœurs Mac-Allister à ne pas être inhumée dans la chapelle Sainte Sophie du square de Gibot.

Luc-Anatole se console bien vite puisqu’il épouse en novembre de la même année, 1867, une sœur de Margaret, Mary-Jane qui deviendra la dernière marquise de Gibot. Nous aurons l’occasion d’en parler dans un prochain article.


 

lundi 15 mars 2021

Renée, une passionnée d'histoire locale

Renée Esclafer nous a quittés. Elle faisait partie des premiers historiens locaux à l’origine du Groupe d’Histoire Locale et du Patrimoine qui se sont lancés dans la rédaction du premier livre Bouzillé à travers les âges.

Dès son enfance, dans la famille Gaudin, elle a été bercée par les métiers du bois. Son grand-père, son père Baptiste, ses oncles, ont été charrons, charpentiers, menuisiers. Très attachée à son quartier près de l’école Saint Luc, Renée en connaissait toutes les petites histoires, les anecdotes, qu’elle racontait avec saveur. Elle consignait par écrit tous ses souvenirs que nous reproduisions intégralement, tant son écriture était précise et recherchée.
Elle avait, en particulier, cité des événements qui s’étaient passés pendant la guerre 39-45 à Bouzillé. Dans le recueil  Paroles de Buzilliacéens, elle évoquait son oncle Paul volant le ceinturon d’un Allemand, sa tante Paulette l’accompagnant à Varades pour chercher du pain ou son oncle Alphonse déployant une banderole tricolore autour du clocher le jour de la Libération.

Renée n’assistait plus aux réunions de notre association depuis bien des années, mais nous la remercions encore pour son apport à l’histoire locale.

lundi 1 mars 2021

Croix et calvaires

 Ces édifices religieux font partie du patrimoine de Bouzillé : notre association en a recensé une vingtaine et elle a apposé une plaque explicative pour chacun d’eux.

Pourquoi nos anciens se sont-ils impliqués dans ces constructions ?

- Dans beaucoup de cas, c’est l’expression des croyances des familles, parfois pour formuler un vœux, comme le retour d’un prisonnier de guerre en Allemagne, parfois pour remercier de la guérison d’un malade.

- Une croix peut être aussi élevée pour commémorer un épisode tragique : on pense à la croix René Albert, jeune de Saint Laurent du Mottay, abattu par les Allemands en août 1944.

- Un calvaire a une signification politique, dans le cas de la croix de Gibot financée par le conseil municipal, en signe d’opposition au régime en place à l’époque.

- Enfin, les croix de mission marquaient la clôture de ces temps forts de la vie religieuse des paroisses. Elles sont spectaculaires et marquent le paysage.

Mais la plupart sont beaucoup plus modestes ; souvent croix de cimetière, souvent posées sur des socles maçonnés, en pierre de tuffeau, en grison, « la merde de diable » de la croix de la Trottelière ou sur un rouleau de pierre utilisé autrefois dans les fermes, comme la croix de la route des Arcis (photo).

Les matériaux diffèrent : du métal de la croix de Gibot, au bois du calvaire du Fossé Neuf ou au béton des croix de mission.

Si on remonte dans le temps, deux édifices méritent notre attention :

-  le calvaire du Fossé Neuf, près de la Cabane : daté de 1781, il a été relevé plusieurs fois.

- la très belle croix du Fresne, en granite, ajourée en son centre. C’est l’ancienne croix du cimetière. Posée en 1879 au carrefour de la Paragellerie et du Fresne, elle avait été déplacée en 1996 sur un terrain mis à disposition par Gilles Brevet. Suite à une opération immobilière, elle va être placée dans un lieu où elle ne risque pas de gêner le voisinage.

lundi 15 février 2021

Des Bretons à Bouzillé

 Issus d’une vieille famille noble du nord de la Bretagne, les Sioc’han de Kersabiec s’installent aux Grandes Rheinières au début des années 1820.

En 1826, le comte Charles de Kersabiec (1797-1854) fait partie des dix propriétaires les plus imposés de Bouzillé. Il est nommé maire de la commune en 1827 secondé par son adjoint, un nommé Courgeon. Il démissionne en octobre 1830. Farouche partisan du roi Charles X, il refuse de prêter serment au nouveau roi Louis-Philippe. Il est alors remplacé par le comte Luc-Jean de Gibot.

Très vite, la famille de Kersabiec se trouve mêlée aux derniers soubresauts de la chouannerie dans la région d’Ancenis. En effet, la duchesse du Berry, Marie-Caroline, veut placer son fils Henri sur le trône de France et considère Louis-Philippe comme un usurpateur. Elle essaie alors de soulever la région. Charles, son frère Dunstan et son cousin Amédée participent militairement à cette révolte, mais l’aventure se termine mal : les Kersabiec sont arrêtés entre la Boissière sur Evre et Saint Rémy en Mauges. Ils sont emprisonnés à Saint Florent le Vieil.

De gueules à l’annelet d’or                   Les Kersabiec quittent les grandes Rheinières et, en 1849, traversé par quatre fers de lance        on n’en trouve plus trace sur la commune de Bouzillé. réunis en sautoir.
Des gueules à l'annelet d'or traversées
par 4 fers de lance réunis en sautoir

Une autre Kersabiec, Stylite, a accompagné la duchesse du Berry jusqu’à son arrestation rocambolesque : cachées dans une maison à Nantes, derrière la plaque d’une cheminée, elles sont obligées de se rendre quand les gendarmes y mettent le feu.

 


lundi 11 janvier 2021

2020, entre pluie et chaleur


Les relevés, faits comme tous les ans dans le quartier des Clérambaults confirment la tendance observée plus généralement en France : il fait globalement plus chaud : voir la canicule du dernier été, mais il pleut davantage.
Le total annuel des pluies en 2020 est le plus élevé depuis l’année 1989, puisque c’est la première fois qu’il dépasse le mètre d’eau : 1015 mm. plus exactement.
Les trois premiers mois ont été beaucoup plus humides que ceux de 2019. Par contre, le mois de juillet a été particulièrement sec avec seulement 3 mm.
La moyenne annuelle pour les dix dernières années, 817 mm. est supérieure aux deux dernières décennies.
Voici un tableau des relevés sur l'année 2020, pour un total annuel de 1015 mm :

Année 2020

Précipitations

Janvier

112 mm.

Février

113 mm.

Mars

114 mm.

Avril

  60 mm.

Mai

  60 mm.

Juin

  95 mm.

Juillet

    3 mm.

Août

  63 mm.

Septembre

  65 mm.

Octobre

141 mm.

Novembre

  58 mm.

Décembre

131 mm.