lundi 7 février 2022

L'aménagement de la Boire de Sainte Catherine

Située au pied du Fossé Neuf et des fours à chaux, la boire est un bras d’eau de plus d’un kilomètre de long, alimenté par les fossés et le ruisseau de la Haie d’Alot. Elle est complètement recouverte quand la Loire est en crue. La partie est de la boire, du côté du Fossé Neuf est entièrement sur Bouzillé, alors que la partie ouest se partage entre Bouzillé et Liré. Les anciens, dans leur parler angevin, parlaient de la « bouère aux boeufs ». En effet, venaient s’y abreuver les bœufs qui travaillaient à la carrière et aux fours, ainsi que ceux des paysans qui venaient s’approvisionner en chaux. Dès 1992, le conseil municipal de Bouzillé décide de faire de la boire une zone de loisirs. Pour cela, il profite des opérations de remembrement alors en cours pour acquérir les terrains nécessaires, soit 3 hectares 80. Les travaux s’enchaînent alors : il faut clôturer l’ensemble, construire un bâtiment qui servira de sanitaires et d’abri, sous la direction de m. Dolet, l’architecte de la commune. Un parking est prévu à proximité. Les équipements de pique-nique, tables, bancs, poubelles, les jeux pour enfants, les terrains de boules sont installés. Pour joindre les deux rives de la boire, un superbe pont en pierres est construit.


Les enfants des écoles sont aussi mis à contribution ( voir photo). En avril 1996, ils plantent sur le côté sud une haie et leur nom est gravé sur une plaquette en bois piquée au pied des arbres.

Le coût des aménagements de la boire s’élève à 422 000 francs financé à plus de 50 % par des subventions.

La gestion de la pêche est confiée à la société « les Cormorans de l’Evre ».

L’inauguration, au printemps 1997, est présidée par Marcel Réveillère, le maire de Bouzillé et le ruban est coupé par Hervé de Charette.

Depuis, des améliorations ont été apportées : un abri en bois, en cas d’intempéries, de nouveaux jeux comme la tyrolienne. La boire de Sainte Catherine est un espace de loisirs unanimement apprécié par les promeneurs, les amateurs de pique-nique et les randonneurs de la « Loire à vélo ».

 


lundi 24 janvier 2022

Bilan météo de l'année 2021

L’année qui vient de s’écouler a été bien arrosée. Le total de 941 mm relevé dans un pluviomètre de jardin dans le quartier des Clérambaults n’a pas atteint le record de l’an dernier où les précipitations avaient dépassé les 1000 mm. 

Pourtant le début de 2021 avait été sec surtout les mois de mars et d’avril. Par contre, les mois de juin et d’octobre sont les mois les plus arrosés depuis plus de trente ans : 164 mm, en juin, avec la semaine du 21 au 26 juin particulièrement humide ; les 176 mm en octobre et plus particulièrement les 115 mm du 1er et du 2 octobre ont affolé les statistiques et les habitants qui ont vu leurs caves et sous-sols inondés.

Depuis la nuit des temps, l’observation attentive du temps, la température, les pluies et le vent, a influencé les travaux des paysans et des jardiniers. Avec l’expérience, ceux-ci en ont tiré des dictons et maximes pour les mois de l’année. En voici quelques exemples.

- Sécheresse de janvier, richesse de fermier, ou jour de l’an beau, mois d’août très chaud.

- S’il pleut à la Chandeleur (2 février), les vaches donnent beaucoup de beurre , ou neige de février vaut fumier.

- Brouillard en mars, gelée en mai.

- Quand avril commence trop doux, il finit le pire de tous.

- Lorsque mai sera chaud, septembre rira haut.

- Juin froid et pluvieux,tout l’an sera grincheux, ou juin bien fleuri, vrai paradis.

- Juillet ensoleillé remplit cave et grenier.

- Tels les trois premiers jours d’août, tel le temps de l’automne, 

- ou août mûrit les fruits, septembre les cueille.

- Si octobre est chaud, février sera froid.


- Brouillard en novembre, l’hiver sera tendre.

- Décembre trop beau, été dans l’eau, ou neige de décembre est engrais pour la terre.


lundi 20 décembre 2021

1945 : le retour des prisonniers

 Les bulletins paroissiaux annuels rédigés par le curé Brec pour les années 1939 à 1943 et le curé Le Boulh pour les années 1944 et 1945 fournissent des renseignements précieux sur la vie à Bouzillé pendant la deuxième guerre mondiale. On va s’intéresser aujourd’hui aux prisonniers de notre commune.

Les prisonniers

A la déclaration de guerre en 1939, le curé Brec a le moral : n’écrit-il pas en août à propos des mobilisés : « Espérons qu’ils reviendront bientôt et victorieux ! ». La suite des événements ne correspondra pas tout à fait à ses vœux.

En 1940, sur les 105 hommes mobilisés, 71 le sont dans les formations de l’avant, 30 dans les services de l’arrière et 4 en Afrique du Nord et en Syrie. Suite à la défaite de la France en 1940, 42 soldats sont faits prisonniers.

En 1941, 5 d’entre eux rentrent à Bouzillé : Louis Aillerie, Pierre Chesné, Victor Réthoré, Edouard Barreau et Alphonse Allard. 1943 voit le retour de 4 prisonniers : Marcel Nicolas et Paul Cussonneau du Fossé neuf, Georges le frère de l’abbé Caillaud et Marcel Martin, mari d’une réfugiée du nord.

En revanche, dès la fin de 1942, des jeunes sont requis par le STO, Service du Travail Obligatoire, et partent en Allemagne. C’est le cas d’Emile Morinière. Puis, en 1943, c’est une nouvelle fournée : Pierre Dénéchère, l’instituteur, au nord de la Norvège, Eugène Chéné, Eugène Martin et Joseph Neau dans la région de Stettin, Joseph Coiffard et Maurice Mosset près de Cologne.

La solidarité

Très vite, la commune va venir en aide aux prisonniers. Dès 1941, les envois de colis, pour environ 10 000 francs, marquent la générosité des habitants. En 1942, une collecte atteint la somme de 14 300 francs. Les bénéfices des séances de variétés et la vente de billets de tombola permettent d’envoyer 20 000 francs « aux chers absents » comme l’écrit le curé Brec. Enfin, une grande kermesse, en août 1943, dans le parc du château de la Mauvoisinière, permet d’envoyer « une recette substantielle » aux prisonniers.

Le retour

En 1945, les prisonniers sont tous rentrés. Le dernier à revenir à Bouzillé est Jean Chesné. Il est vrai qu’il a fait un long périple depuis la Russie où il rencontré le marquis de Saint Pern lui aussi prisonnier. Son retour, le 31 juillet 1945, correspond au jour du mariage de Victor Thiau à la Guichetière auquel il a bien sûr joyeusement participé.

Les fêtes et cérémonies

Le 9 septembre 1945, une grande fête est organisée en l’honneur des prisonniers et déportés. Après la messe célébrée par le chanoine Brec, devenu archiprêtre de Saumur, un banquet rassemble tout le monde. Le capitaine Gautier évoque les tristes et interminables jours de la captivité, en particulier, le maigre brouet servi dans les camps de prisonniers. Il remercie le Comité d’Entraide qui s’est tant dépensé pour les captifs. Une photo de groupe réunit tous les convives.


Au centre, le maire Charles Pousset, entouré des curés Brec et le Boulh et le porte drapeau moustachu, Georges Bondu, dit « Galipette ». ( les noms des autres participants figurent dans le livre : « Bouzillé à travers les âges »).

Le 11 novembre suivant, près du Monument aux Morts au cimetière, Charles Pousset, le nouveau maire énumère le nom des 6 jeunes qui ne sont pas revenus: Joseph et Maurice Terrien, Paul Grimault, Joseph Hangouet, Robert Réthoré et Joseph Viau.

 

mercredi 15 décembre 2021

La pêche à la ligne, il y a une cinquantaine d'années

Aujourd’hui, un promeneur longeant la Loire du village des Augers, à Liré, pour se rendre à la Loge en Vallée à Bouzillé, ne verra, sur les rives et au milieu du fleuve, que quelques pêcheurs à la ligne, les uns traquant du poisson blanc, les autres des carnassiers dont le très recherché silure tant sont intenses les émotions que sa pêche procure. Bref, pas grand monde en somme, alors qu’il y a cinquante ans, d’où le titre, les pêcheurs étaient des dizaines à se presser au bord du fleuve. Que s’est-il passé ? 
 
La Loire était alors un autre fleuve qu’aujourd’hui ; son niveau à volume d’eau équivalent était supérieur de trois mètres, ce qui changeait tout. Le bras des Babins en face du camping était relié quasiment toute l’année au fleuve ce qui permettait d’avoir un courant d’eau bénéfique aux poissons et à la pêche. Les abords au fleuve étaient plus faciles : on pouvait pêcher sans avoir à descendre les enrochements comme aujourd’hui. On m’a rapporté que certains dimanches d’été, il pouvait y avoir entre cinquante et cent automobiles stationnées de la Rabottière aux Babins.
 Les pêcheurs étaient bien sûr des gens du coin, mais beaucoup venaient des « Mauges » et une partie passaient leurs vacances d’été au camping des Babins qui était, avec celui de la Loge en Vallée, occupé presque exclusivement par les amoureux de la pêche, ce qui amenait une convivialité épatante. Deux bistrots, l’un aux Babins, l’autre à la Rabottière, dénommé « le Casino » avec ses jeux de boules de sable, ne désemplissaient pas les samedis et les dimanches.
 
 Eh bien tout cela : « c’est bien joli » comme on dit, mais que pêchaient-ils ces passionnés qui devaient se lever bien avant l’aube pour avoir les bonnes places convoitées ? Eh bien des poissons dont certains ont disparu comme le hotu surnommé, on ne sait pourquoi, « gardon de Varades » qui se pêchait allégrement à remplir les bourriches des pêcheurs qui ne savaient, pour la plupart, qu’en faire car le pauvre hotu, objet de malédictions et d’injures en tout genre, était comme on dit « immangeable » avec une chair molle et farcie d’arêtes, qui décourageait ceux qui tentaient de les accommoder. Le hotu mis à part, on pêchait les poissons nobles comme la perche ou le brochet, poissons carnassiers, avant l’arrivée fracassante du sandre qui est devenu ensuite le poisson noble le plus recherché. On pêchait la brème, le gardon, le barbillon pour lesquels les pêcheurs préparaient des litres de blé ou de chènevis qu’ils faisaient cuire, pour certains, dans le four du boulanger.
 A l’époque que j’ai connue, La Loire débordait régulièrement, le bras majeur étant régulièrement inondé. Les « boires », telles que Sainte Catherine piégeaient des quantités incroyables de poissons, ce qui faisait le bonheur des propriétaires et riverains qui pêchaient au filet et d’autres qui faisaient la même chose mais la nuit. Aujourd’hui, il y a peu de pêcheurs notamment sur les rives notamment sur les rives. L’abaissement du seuil du fleuve provoqué par plusieurs facteurs, en particulier la destruction de seuils naturels et l’extraction inconsidérée du sable ainsi que l’accélération du courant ont changé la donne.
L’évolution de la vie et des loisirs a également participé à cette lente disparition des pêcheurs et de la convivialité au bord du fleuve. Des travaux sont prévus dans les années qui viennent pour restaurer le lit de la Loire ; souhaitons qu’ils portent leurs fruits et qu’on puisse la revoir comme nous l’avons connue.

mardi 9 novembre 2021

Le calvaire de la cabane a disparu !

Les promeneurs, arrivant à l’entrée du Fossé Neuf, ont eu une drôle de surprise : de la croix, il ne reste plus que le socle ! Ce calvaire est, avec la vieille croix du cimetière, le plus ancien de Bouzillé puisqu’il a été érigé avant la Révolution. On trouve trace de sa bénédiction dans les archives paroissiales du mois d’août 1781 entre les baptêmes et les enterrements (voir photo).
« le vingt six à l’issue des vespres nous avons béni la croix qui est proche le Fossé Neuf » signé Benoist, le curé de la paroisse.
Il est remplacé en 1892. Un orage le fait tomber en 1919 et il est relevé en 1921 à la fin de la Mission. Démonté et restauré par les frères Gaudin, il est remis en place en 1940. Il est de nouveau relevé en 1992 et déplacé par la même occasion pour ne pas gêner la circulation. Son état nécessitait des soins vigoureux : le bois de la croix était vermoulu et elle menaçait de tomber. Aussi, la commune, en association avec le groupe d’histoire locale et du patrimoine, a pris les choses en main. La croix, à la charge de la commune, sera remplacée par les établissements Brisset et le Christ sera repeint par les artistes de notre association. Rassurez-vous ! d’ici quelque temps, le calvaire de la Cabane aura retrouvé sa place à l’entrée du Fossé Neuf.

Artisans et commerçants à Bouzillé dans les années 1950

Les listes électorales donnent des renseignements précieux sur les métiers des Buzilliacéens. Celles de 1946 et de 1953 sont d’autant plus intéressantes qu’elles intègrent les femmes qui ont voté pour la première fois en 1945. Par contre, le droit de vote étant fixé à 21 ans, les jeunes artisans et commerçants ne sont pas notés sur ces listes. Les métiers du bois étaient bien représentés : le charron, Clément Laurenceau, les charpentiers avec la famille Gaudin et les frères Bondu, les menuisiers : Maurice Dandé père et fils, le tourneur, Joseph Lebrun. Ajoutons à la liste, le vannier Joseph Bossard et la vannière du Fossé Neuf, Madeleine Terrien. Le textile occupait aussi bien des gens, à commencer par les tisserands : il en restait encore quelques uns : Pierre Viau, Joseph Bondu et Jean Macé. La famille Augereau, de Ferdinand à Noël, employait des ouvrières dans l’atelier de tailleurs à côté de l’église. Les couturières étaient nombreuses : 16 sur la commune. Fernande Morinière tenait la mercerie, Raymonde Neau était modiste-chapellière et Marie Dugast brodeuse.
L’agriculture fournissait du travail : Paul Robin, le grainetier, parcourait la campagne et les forgerons s’activaient : Louis Aillerie, Jean Blanchard, Joseph Fouchard, Joseph Neau, Pierre Plard, André Rideau. (voir photo). Moïse Sevet occupait une profession qu’on ne trouve plus : il était à la fois trieur, pour les céréales, « saigneur », pour les animaux à abattre et éventuellement coiffeur. Chacun trouvait alors de quoi se nourrir sur la commune : les boulangers, Henri Pelé et André Haie, le boucher François Poilâne et le marchand-primeurs Raoul Moreau. Quant à l’épicerie, il y avait l’embarras du choix : une douzaine en 1946. N’oublions pas les cafés : après la guerre, dans le bourg, on avait le choix entre les cafés Baron, Monnier, Houdebine, Gravouille et Robin, nombre respectable mais bien loin des 18 estaminets recensés au début du XXème siècle sur le territoire de la commune. Pourtant, des évolutions se font jour : 1953 marque le début du déclin du commerce et de l’artisanat. Le nombre d’épiceries diminue : il n’en reste plus que 9. Les sabotiers ont disparu : Joseph Coiffard, père et fils, n’exercent plus. Il n’y a plus qu’un cordonnier, Bernard Allard. Des nombreux tonneliers qui ont, à la fin du XIXème siècle, occupé une grande place dans la vie communale, il ne reste que les frères Vincent, Victor et Claude et Jean Terrien. Certaines professions, liées au cheval, disparaissent : Henri Haie sera le dernier bourrelier et Louis Houdebine, le dernier bourrelier. Les Buzilliacéens sont de plus en plus nombreux à trouver du travail dans l’industrie, en particulier, celle de la chaussure. Si on y ajoute le développement des grandes surfaces, la généralisation de l’automobile et les constructions en lotissement à la périphérie, la vie joyeuse du bourg liée aux boutiques et ateliers va y perdre de sa saveur.

mardi 21 septembre 2021

La Braudière ou la Breaudière


Si vous allez du bourg vers le Fossé Neuf, vous passez par la Braudière. La route que vous empruntez n’existe que depuis la deuxième moitié du XIXème siècle. En effet, le chemin habituel passait par Gateceau. Mais le propriétaire de la Braudière ne fermant pas la grille de son domaine, les habitants du bourg prirent l’habitude de passer le long de la propriété.

Le manoir a été habité pendant des générations par la famille Vincent. On en trouve trace dans les registres paroissiaux : en 1739 a été enterrée Marie Vincent, appelée « la mère des pauvres » à cause de son dévouement envers les miséreux.

Anne-Marie Noël, qui a habité la Braudière, a recueilli ce que son arrière-grand-mère lui avait raconté sur ses ancêtres et elle nous laisse ainsi des écrits passionnants.

« Un Vincent, de l’île Kerguelen, en face de la Rabotière, épousa l’héritière de la Breaudière et vint s’y établir ». « Quand la guerre de Vendée éclata, poursuit madame Noël, notre trisaïeul, Pierre Vincent s’enrôla dans l’armée de Bonchamp. Il eut le titre de commissaire de l’armée : cette fonction consistait à rallier les Vendéens et à leur indiquer où aurait lieu le prochain combat ; la propriété fut brûlée plusieurs fois par les Bleus ».
« Lorsque le Directoire chargea le général Hoche de pacifier la Vendée, c’est l’un de ses lieutenants, le général Brune, qui vint à Bouzillé à la Mauvoisinière. Pierre Vincent fut l’interlocuteur du général. Il lui remit quelques vieilles crosses de fusil et la paix fut enfin signée ». Il réclama par la suite une pension de combattant vendéen qui lui fut refusée.
« Mon grand-père, Jean, prit les armes en 1832 pour la duchesse du Berry. Il quitta la Breaudière pour une expédition à Saint Rémy en Mauges en compagnie des Kersabiec qui habitaient aux Reinières. Il soupçonna une trahison et rentra tranquillement chez lui ; il échappa ainsi à l’arrestation par les soldats de Louis-Philippe ».
La famille d’Anne-Marie Noël, des industriels angevins spécialisés dans la métallurgie, a vécu à la Braudière pendant une bonne partie du siècle dernier.
Le bel ensemble de la Braudière fait partie des demeures qui donnent un cachet tout particulier au patrimoine de notre commune.